En parlant de discrimination positive, nous pouvons légitimement nous demander si une discrimination peut réellement être positive. Est-ce un moyen de lutter contre les discriminations et favoriser la diversité ?

Qu’appelle t’on discrimination positive ?

La discrimination positive vise à rétablir l’égalité des chances en favorisant les membres d’une minorité ou d’un groupe social défavorisé pas « la généralisation ou la persistance de pratiques racistes, sexistes, homophobes… ».

Des politiques de discriminations positives ont été mises en place en France avec pour objectif d’atténuer ou de contrebalancer les effets des pratiques discriminatoires passées ou actuelles.

La discrimination positive s’oppose donc à la discrimination statistique. Elle vise une mise en mouvement des mentalités.  Elle tend à « corriger les inégalités, quitte à transgresser un temps le principe même d’égalité » (Villenave, 2006).

Elle reste cependant à utiliser avec précaution car elle utilise le même principe que celui contre lequel elle entend lutter, en se fondant sur des critères qui ne devraient pourtant pas interférés lors d’une prise de décision en entreprise (embauche, promotion, formation).

Les entreprises choisissent d’axer leurs efforts sur les profils qu’elles estiment prioritaires ; cette sélectivité semble défendre une hiérarchisation des discriminations.

La discrimination positive comporte plusieurs risques :

  • Elle réduit les individus d’une minorité à une catégorie et nie par conséquent les différences présentes au sein même de cette minorité alors qu’ils ne font pas tous face aux mêmes problématiques.
  • Elle accentue les stigmatisations de certaines populations : les programmes de discriminations positives sont pour beaucoup perçus comme injustes et peuvent susciter des réticences.
  • Elle semble être une logique de court terme ou temporaire. La Convention des Nations Unies sur la discrimination raciale ne cautionne les programmes de discrimination positive « que dans le cas où ils revêtent un caractère temporaire et remplissent une fonction de rééquilibrage ».

La discrimination positive reste donc une solution pansement avec pour but de rattraper de manière rapide un écart important. Afin d’éviter d’avoir recours à la discrimination positive l’entreprise doit donner les mêmes chances à tous et à toutes en luttant contre les discriminations existantes. 

En France, la mise en place de politiques de discriminations positives fait débat. On trouve la loi du 10 Juillet 1987 qui impose aux entreprises de plus de 20 salariés d’employer au moins 6% de travailleurs handicapés. C’est la seule véritable loi de discrimination positive. Il existe également des lois visant à réduire les inégalités hommes/femmes en matière d’emplois, de rémunérations et de conditions d’avancement. Depuis 2000, il existe également des conventions signées entre des ZEP (zones d’éducation prioritaires) et des grandes écoles pour permettre a des élèves issus de milieu défavorisés d’accéder à des grandes écoles plus facilement. Concernant l’emploi des seniors, il n’existe pas de quotas mais une pénalité de 1% de la masse salariale pour les entreprises de plus de 50 salariés qui ne mettraient pas en place d’actions en leur faveur (le même principe de pénalité s’applique concernant l’égalité hommes/femmes. Ces plans d’actions doivent contenir des objectifs chiffrés (sur une période maximale de 3 ans) et présenter 3 domaines d’actions parmi les 6 définis par le ministère du Travail :

  • Le recrutement
  • La formation
  • L’amélioration des conditions de travail
  • L’anticipation de l’évolution des carrières professionnelles
  • La transition entre activité et retraites
  • La transmissions des savoirs et le développement du tutorat

Aux Etats-Unis, « l’affirmative action » est née dans les années 1960 afin de favoriser l’insertion professionnelle des afro-américains et des femmes dans les administrations publiques, puis la pratique s’est étendue à l’enseignement supérieur dans les années 1970 et 1980 où les établissements ont instaurés des quotas pour accroitre la diversité. Ces programmes ont permis à des milliers d’élèves issus de minorités ethniques d’être diplômés.

La discrimination positive reste le dernier recours lorsque l’on a déjà tout essayé, elle ne prend sens qu’en fonction de l’ampleur et de la persistance des discriminations avérées. Les entreprises qui ont recours à la discrimination positive y sont finalement résignées et savent d’avance qu’une approche exclusivement répressive ne fonctionnera que sur le long terme.

Cette forme de discrimination n’a d’ailleurs pas vocation à supprimer le symptôme de causes que l’on n’a pas le courage de traiter.

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